Faire face à la crise sécuritaire

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires, Commerce international

La menace terroriste et l’accroissement des conflits intercommunautaires affectent gravement les activités économiques dans plusieurs zones du Sahel occidental. Un des secteurs les plus profondément touchés est celui de l’élevage.

Auparavant localisée dans les zones du bassin du lac Tchad, du Liptako-Gourma et du nord Mali, l’insécurité s’étend désormais à l’ensemble du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Nigéria, entraînant des déplacements massifs des populations rurales. Cette situation perturbe l’accès aux sources alimentaires, aux moyens de subsistance et aux services essentiels, diminuant la production, faisant grimper les prix des denrées alimentaires et entravant souvent la distribution de l’aide alimentaire. D’après le rapport régional sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest du Cilss, dix zones fortement affectées par l’insécurité civile seraient en urgence alimentaire : cinq au Burkina Faso, trois au Nigéria et deux au Niger. Comme l’explique Ibrahima Coulibaly, président du Roppa, l’ampleur actuelle de ces différentes crises interpelle plus que jamais sur l’abandon du monde rural par les politiques. Voici des témoignages d’acteurs de régions durement touchées du Mali, Burkina Faso et Niger, qui développent différentes stratégies pour poursuivre leur travail dans le secteur pastoral et agropastoral.

Nord du Burkina Faso : dynamiser les points de vente stratégiques

A u nord de Ouagadougou, la province du Bam est depuis 2018 la cible d’attaques entraînant des déplacements de populations et le ralentissement des activités agricoles. L’Union provinciale des sociétés coopératives maraîchères du Bam (Upcom) regroupe un millier de producteurs de 26 localités, dont 40 % de femmes. « Pour la continuité des projets, nous avons des animateurs endogènes dans chaque coopérative qui prennent la relève mais des sites de production sont parfois inaccessibles car récupérés par les terroristes », raconte Madi Guira, chargé de projets à l’Upcom.

« Cette situation d’insécurité a eu des conséquences financières terribles pour des producteurs qui avaient contracté un crédit de campagne auprès de la Délégation des caisses populaires du Nord de 33 millions de FCFA au total. Ils ont dû fuir à cause de l’insécurité et la production est restée inachevée. »

Grâce au soutien de l’État, l’Upcom a pu construire un comptoir de vente à Kongoussi. Deux autres comptoirs devaient être implantés à Zimtanga et Bourzanga mais n’ont finalement pas été réalisés en raison de l’insécurité. 80 % de la production de l’Upcom est destinée à la sous-région mais les commerçants étrangers, pour la majorité des Ghanéens et des Ivoiriens, se font rares. La solution, en cours de réflexion, serait de leur acheminer toutes les marchandises à Kongoussi, ville plus sûre. La difficulté reste le transport des productions des membres de l’Upcom qui sont dans les autres localités comme celles de Zimtanga, où l’insécurité est plus forte.  [...]

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© Upcom / Fert

Chargement des oignons au comptoir de Kongoussi, Burkina Faso © Upcom / Fert

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

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