Emancipation des transformatrices de riz

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Riz
Pays : Guinée Conakry

Dans le cadre d'un projet porté par le Gret et la Maison guinéenne de l'entrepreneur (MGE) en République de Guinée

Photo : Groupement d'étuveuses Mounafanyi ("utilité en mangue soussou") © H.Basquin

Le Gret et la Maison guinéenne de l’entreprise (MGE) ont entrepris une série d’initiatives en faveur des filières vivrières stratégiques. La population guinéenne appréciant particulièrement les produits du terroir, ces filières sont très prometteuses. Concrètement, le projet ACORH  vise à améliorer la disponibilité du riz étuvé, avec un effort particulier sur la transformation, maillon essentiel de la filière jusque-là peu ou pas reconnu. L’aval de la filière est majoritairement constitué de femmes. Leur donner plus de poids au sein de la filière est fondamental pour sécuriser l’approvisionnement des marchés urbains. Le projet accompagne les femmes tant sur le plan de leur professionnalisation technique que sur leur émancipation sociale et politique.

Les étuveuses s'équipent en matériel amélioré et se professionnalisent

La technique traditionnelle d’étuvage du riz dans des marmites en fonte est longue et compliquée. Elle nécessite une grande quantité de bois et peut occasionner des brûlures. Avec le matériel amélioré, toutes les opérations de trempage et d’étuvage sont pratiquées dans le même fût, doté d’un couscoussier, qui peut contenir jusqu’à 200 kilos de riz. Le fût est muni d'un robinet pour vider l'eau après le trempage et d'un système de basculement qui facilite le transvasement du riz. Il repose sur un foyer amélioré qui concentre la chaleur, accélère l’ébullition et économise le bois (5 fois moins de bois est nécessaire).

Les étuveuses s'émancipent

Les étuveuses se sont d’abord intégrées aux organisations de producteurs de riz, ces femmes étant les prestataires des hommes producteurs. Puis, elles ont réalisé qu’elles avaient des approches différentes face à des problématiques qui leur étaient propres. Quand elles ont pris la décision de s’organiser en tant qu’étuveuses, les débuts ont été difficiles : l’Union de Lola a dû aller s’approvisionner en Côte d’Ivoire car les producteurs, face à la scission, ont refusé de la livrer. Mais quand les étuveuses ont réussi à développer leur propre système de crédit et à constituer un fonds de roulement important, les hommes les ont reconsidérées. Ils ont fini par céder et un accord de livraison a été signé entre l’union de producteurs et l’union d’étuveuses de Lola. Cette structuration rend en effet possible la contractualisation entre les maillons de la filière. [...]

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