Burkina Faso : la volatilité des prix divisent producteurs et consommateurs

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires, Transformation et filière

La crise alimentaire de 2008 a contraint l'Etat burkinabé à réinvestir dans l'agriculture et à réguler le marché à travers la Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire (Sonagess). Malgré les multiples actions entreprises, les prix des produits de grand consommation demeurent volatils et les consommateurs observent avec impuissance les prix grimper. Le gouvernement projette la mise en place d'une centrale d'achat de céréales qui ne fait pas l'unanimité.

Photo: Dans les bureaux d'une organisation paysanne au Burkina Faso © SOS Faim

Une centrale d'achat, pour quoi faire ?

Le marché des céréales burkinabé est caractérisé par une forte atomisation de ses acteurs. On y trouve beaucoup de petits commerçants faiblement organisés et ne disposant pas de capitaux pour stocker sur une longue période. "Suite à la crise de 2011, quand le Ministre du Commerce a fait le point sur les stocks, on n'avait même pas assez de céréales pour approvisionner la ville de Ouagadougou pendant 3 jours", explique Pierre Nacoulma, président de la Ligue des consommateurs du Burkina Faso (LCB). Les défenseurs du projet font valoir les arguments suivants :

- les volumes achetés permettrait d'obtenir des réductions auprès des fournisseurs,de sécuriser le marché burkinabé, baisser les prix pour les consommateurs ;

- la centrale garantirait une meilleur qualité des produits importés ;

-  on pourrait maîtriser les importations pour qu'elles ne nuisent pas au producteurs.

Consommateurs et producteurs divisés

Le président de la ligue des consommateurs du Burkina (LCB) est un partisan enthousiaste de cette idée de centrale d'achat. Mais pour Bassiaka Dao, le président de la Confédération paysanne du Faso (CPF), mettre en place une centrale d'achat au stade actuel, où le niveau de production du pays ne couvre pas les besoins de la population, équivaudrait à ouvrir la voie d'avantage la voie à l'importation : "Où allez-vous trouver les grains pour alimenter la centrale d'achat ? Ça sera une centrale d'achat de produits agricoles importés. On va vivre de l'importation, ce qui va détruire davantage notre agriculture." La priorité pour le président de la CPF serait d'accroître l'investissement agricole pour faire décoller la production, "Seul un bon niveau de production peut permettre de stabiliser le marché", soutient Bassiaka Dao. Le directeur de la Sonagess se dit conscient du risque mais proposer que la centrale d'achat achète en priorité la production nationale et, en fonction du déficit, procède à des importations.